Donald Trump a maintes fois évoqué, tantôt sur le ton de la plaisanterie, tantôt avec sérieux, l’idée d’un troisième mandat à la présidence des États-Unis. Des déclarations qui ne manquent pas de semer le doute et d’alimenter les spéculations sur ses véritables intentions.
Un récent sondage révèle que plus de la moitié des Américains pensent qu’il tentera de contourner la limite constitutionnelle pour prolonger son règne. Simple provocation ou plan mûrement réfléchi ? Décryptage d’un scénario qui fait débat.
Un récent sondage YouGov révèle que 52 % des Américains pensent que Donald Trump tentera de briguer un troisième mandat.
La Constitution américaine, à travers le 22e amendement, stipule qu'un président ne peut exercer que deux mandats complets, soit un total de huit ans.
Les démocrates du Congrès veulent renforcer le 22e amendement en précisant explicitement l'interdiction d'un troisième mandat présidentiel.
L’amendement a été ratifié en 1951 après l’élection de Franklin Roosevelt pour quatre mandats consécutifs, de 1932 à 1944.
L’une des premières fois où Donald Trump a évoqué l’idée de prolonger sa présidence au-delà d’un second mandat remonte à 2020.
À Reno, Donald Trump a déclaré : "Nous allons gagner le Nevada, et nous allons remporter quatre années de plus à la Maison-Blanche." Il a ensuite ajouté : "Après cela, nous négocierons, n'est-ce pas ? Parce qu'au vu de la manière dont nous avons été traités, nous avons probablement droit à quatre années supplémentaires."
Dans une interview accordée à TIME en avril 2024, Donald Trump a nié vouloir contester le 22e amendement. Il a même affirmé qu’il ne ferait qu’un seul mandat, qu’il accomplirait un excellent travail et qu’il partirait ensuite.
Après sa réélection, Donald Trump a accordé une nouvelle interview à TIME, où il a déclaré qu'il était triste de ne plus pouvoir se représenter.
Lors d’un événement à Las Vegas après son investiture, Donald Trump a déclaré : "Ce sera le plus grand honneur de ma vie de servir, non pas une, mais deux fois—ou trois fois, ou quatre fois."
En entendant les acclamations de ses partisans, il a ajouté : "De quoi faire les gros titres des fake news", avant de préciser : "Non, ce sera pour servir deux fois."
Deux jours plus tard, s’adressant aux républicains de la Chambre en Floride, Donald Trump a évoqué les fonds qu’il a récoltés et supposé qu’il ne pouvait pas les utiliser pour lui-même, puisqu’il n’a pas le droit de se représenter.
Lors de la réception du Mois de l’histoire des Noirs à la Maison-Blanche le 20 février, Donald Trump a demandé à l’audience de lui dire s’il devait se représenter. La foule a alors scandé : "Quatre ans de plus !"
Récemment, Politico Magazine a présenté quatre scénarios par lesquels Donald Trump pourrait "s’emparer d’un troisième mandat—malgré le 22e amendement". Les options envisagées seraient de modifier la Constitution, la contourner, l’ignorer ou la défier.
Lors de son audition de confirmation, la procureure générale des États-Unis, Pam Bondi, a affirmé que Donald Trump ne pourrait briguer un troisième mandat qu’en modifiant la Constitution.
Le représentant républicain du Tennessee et allié de Trump, Andy Ogles, a présenté une résolution commune pour lancer le processus.
Modifier la Constitution est un processus bien plus complexe que l’adoption d’une loi ordinaire. Il nécessite l’approbation des deux tiers des deux chambres du Congrès, suivie de la ratification par les trois quarts des États américains.
Le célèbre constitutionnaliste et doyen de la faculté de droit de l’UC Berkeley, Erwin Chemerinsky, a affirmé qu’il n’y avait aucune chance qu’un tel amendement atteigne ces seuils.
Selon Politico, la deuxième option pour un troisième mandat consisterait pour Donald Trump à "exploiter une faille peu remarquée" dans la Constitution. Le 22e amendement interdit qu’un président soit élu pour un troisième mandat, mais il ne précise rien sur le fait d’en exercer un.
Cependant, il est important de rappeler que le 12e amendement stipule que "toute personne inéligible à la présidence l’est également pour la vice-présidence".
Bruce Peabody, professeur de sciences politiques, estime que certains pourraient tenter d’interpréter les amendements de manière créative.
Si Donald Trump devait d’abord devenir vice-président, il devrait être nommé, à l’image de Gerald Ford lorsqu’il a accédé à la présidence.
Sans nouvel amendement constitutionnel, si Donald Trump tentait de se représenter ou de servir à nouveau, il reviendrait aux tribunaux de l’en empêcher.
Il est tout à fait possible que la Cour suprême tranche en faveur de Donald Trump, puisque six de ses neuf juges ont été nommés par des républicains, dont trois par Trump lui-même.
Laurence Tribe, professeur émérite de droit constitutionnel à l’université Harvard et l’un des plus grands experts de la Constitution américaine, estime que ce scénario est impossible. Il reconnaît que la Cour suprême est largement favorable à Trump, mais affirme qu’"elle n’est pas folle".
Il existe aussi la possibilité que Donald Trump refuse simplement de quitter ses fonctions en 2029, malgré la Constitution et les décisions des tribunaux.
Le vice-président J.D. Vance a déjà affirmé que le pouvoir exécutif devrait simplement ignorer le pouvoir judiciaire.
Seul l’avenir dira si Donald Trump tentera l’une de ces méthodes ou s’il cherchera simplement à se maintenir au pouvoir.
Sources: (TIME) (Independent)
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Donald Trump a maintes fois évoqué, tantôt sur le ton de la plaisanterie, tantôt avec sérieux, l’idée d’un troisième mandat à la présidence des États-Unis. Des déclarations qui ne manquent pas de semer le doute et d’alimenter les spéculations sur ses véritables intentions.
Un récent sondage révèle que plus de la moitié des Américains pensent qu’il tentera de contourner la limite constitutionnelle pour prolonger son règne. Simple provocation ou plan mûrement réfléchi ? Décryptage d’un scénario qui fait débat.