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Beyrouth, jadis surnommée le "Paris du Moyen-Orient", a longtemps rayonné par son dynamisme culturel et économique, de ses racines phéniciennes à l'effervescence des années 1960. Mais derrière ce lustre se cachent des inégalités profondes, sources de tensions et de violences récurrentes. Aujourd'hui, la ville est le symbole d'une résilience admirable, bien que toujours secouée par une instabilité politique chronique, des crises économiques dévastatrices et des flambées de violence, héritage de ses défis anciens.
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Le célèbre écrivain libanais Gibran Khalil Gibran écrivait, près de 12 ans après son exil : "Mon Liban vivra éternellement." En bien des aspects, le Liban a traversé les épreuves du temps, et Beyrouth incarne à elle seule cette force de résilience.
Ville réputée pour ses richesses culturelles et ses vues imprenables sur la mer, Beyrouth est le fruit de milliers d’années d’histoire qui l’ont façonnée en un joyau cosmopolite inestimable.
Réputés pour leurs innovations maritimes, les marins phéniciens ont favorisé un immense échange culturel à travers leurs réseaux. Leur maîtrise de l’artisanat et leurs traditions artistiques ont attiré des marchands du monde entier, transformant la ville en un véritable carrefour cosmopolite.
Après les Phéniciens, Beyrouth a successivement été sous domination grecque, romaine, byzantine et ottomane. Chaque période a apporté son lot de contributions culturelles et intellectuelles, tissant ensemble leurs influences pour façonner le riche patrimoine contemporain de la ville.
Beyrouth a connu un véritable âge d'or, qui lui a valu le surnom de "Paris du Moyen-Orient". Après l'indépendance du Liban en 1943, suite à 23 années de mandat français, la ville s'est imposée comme un carrefour moderne, attirant des visiteurs et des talents venus des quatre coins de la région et du monde entier.
Artistes, écrivains et intellectuels affluaient vers Beyrouth, renforçant ainsi sa réputation cosmopolite. Contrairement aux capitales européennes, ce qui attirait à Beyrouth n'était ni sa richesse ni son pouvoir, mais plutôt son effervescence artistique, ses atouts culturels, et les possibilités politiques qu'elle offrait.
Des exilés venus d'autres pays arabes ont trouvé refuge à Beyrouth, où ils ont pu réinventer leur avenir en tant qu'intellectuels ou artistes.
Grâce aux investissements des pays occidentaux et des États riches de la région, Beyrouth a connu un boom économique qui a principalement profité à ses classes moyennes et supérieures, majoritairement composées des communautés chrétienne et musulmane sunnite.
Le dynamisme de Beyrouth pendant son âge d'or a certes apporté une prospérité économique, mais pour beaucoup, cela n'était qu'une façade d'inclusivité. Cette période masquait des inégalités profondes qui ont fragilisé le tissu social du pays. Tandis que Beyrouth connaissait un développement fulgurant, le reste du Liban restait à l'écart, créant un déséquilibre qui a accentué les disparités politiques et l'inégalité dans l'accès aux ressources.
Le système politique libanais repose sur un modèle de partage du pouvoir entre les différentes confessions religieuses. Sur cette image, on voit Myrna Bustani, première femme députée du Liban, représentant les chrétiens maronites. Au premier plan figurent l'ancien président libanais René Moawad et l'ancien Premier ministre Rachid Karamé.
Les groupes sociaux les plus vulnérables du pays ont vu leur influence diminuer au sein du gouvernement, tout en étant confrontés à une précarité économique accrue et à un accès réduit aux ressources publiques.
La réputation de Beyrouth comme centre culturel du monde arabe n'incluait pas la majorité de sa population locale, qui se trouvait largement exclue de l'image glamour associée à l'essor de la ville.
Ces tensions se sont intensifiées avec l'arrivée massive de réfugiés en provenance des pays voisins en guerre. Suite aux conflits israélo-arabes de 1948 et 1967, des vagues de réfugiés palestiniens ont déferlé sur Beyrouth, vivant dans des camps de fortune et dans une grande précarité. Ces bouleversements ont accentué les contradictions sociales et les divisions au sein de la ville, opposant une population locale déjà appauvrie à ces nouveaux arrivants en quête de survie.
L'inaction du gouvernement face à la montée des tensions a finalement conduit à des violences qui allaient perdurer pendant des décennies, notamment à travers la guerre civile libanaise (1975-1990).
En plus des pertes humaines et de la destruction des infrastructures qui ont laissé Beyrouth en ruines, la guerre a également exacerbé les divisions sociales existantes, contrastant fortement avec l'esprit progressiste de l'âge d'or.
Les tensions sectaires qui ont alimenté la guerre civile ont donné naissance à des mouvements politiques militants, en réponse aux préoccupations des groupes marginalisés de la société. Le Hezbollah, un parti politique chiite étroitement lié à l'Iran et à la Syrie, a vu le jour dans les années 1980, en pleine guerre civile.
D'abord apparu comme un groupe militant, le Hezbollah s'est progressivement intégré dans la sphère politique libanaise, notamment avec l'élection de huit de ses membres au parlement en 1992. Le Hezbollah exerce une influence considérable dans les zones à majorité chiite, y compris à Beyrouth.
En 1997, le Hezbollah a été désigné comme organisation terroriste par les États-Unis et leurs alliés, à la suite d'une série d'actions militantes meurtrières à travers le monde, ciblant principalement des ambassades israéliennes, ainsi que des civils et des militaires.
Les tensions qui alimentent aujourd'hui la violence entre Israël et le Liban sont étroitement liées aux conditions apparues durant l'âge d'or.
La violence actuelle entre Israël et le Liban trouve ses racines dans les années 1980, notamment avec l'invasion israélienne de 1982, qui a conduit à l'occupation de certaines parties du sud du Liban.
Ces tensions persistantes ont culminé avec la guerre des 33 jours en 2006, après l'enlèvement de deux soldats israéliens par le Hezbollah. En réaction, Israël a mené une offensive pour affaiblir les forces militaires du Hezbollah et détruire les infrastructures civiles libanaises.
La population civile de Beyrouth a subi de lourdes pertes en raison des bombardements israéliens. De nos jours encore, la violence cause souvent des pertes humaines parmi les civils et entraîne la destruction d'infrastructures, y compris des sites culturels.
Les dernières escalades entre Israël et le Liban ont débuté en septembre 2024, après qu'Israël ait ciblé les dispositifs de communication du Hezbollah. Des explosifs ont été dissimulés dans des milliers de bipeurs et de talkies-walkies, les principaux outils de communication du groupe, causant la mort de 12 personnes et blessant des milliers d'autres. En s'attaquant à ces moyens de communication rudimentaires, Israël visait à affaiblir efficacement les capacités militaires du Hezbollah.
L'utilisation de ces outils de communication obsolètes incarne les contradictions héritées de l'âge d'or de Beyrouth. Malgré des infrastructures modernes, les divisions politiques et confessionnelles, toujours latentes, mettent en lumière des fractures profondes, une fragilité politique persistante et une grande vulnérabilité économique.
La campagne militaire d'Israël s'est poursuivie avec l'assassinat de plusieurs commandants du Hezbollah, dont le leader Hassan Nasrallah, tué en septembre 2024 lors d'une frappe aérienne à Beyrouth.
Au cours des dernières semaines, plus d'un million de civils ont été déplacés au Liban, et des milliers de victimes ont été signalées alors que les bombardements se poursuivent, principalement concentrés à Beyrouth et dans certaines régions du sud du Liban. Huit soldats israéliens y ont également perdu la vie.
Tout comme à l'époque de l'âge d'or, Beyrouth reste un point central des conflits régionaux, prise entre des acteurs extérieurs et des divisions internes. Aujourd'hui, la ville demeure un lieu de contradictions. Son héritage de ville cosmopolite et glamour se reflète toujours dans une scène artistique et culturelle dynamique, mais coexiste avec une instabilité politique majeure, une dégradation économique et de profondes fractures sociales.
Sources: (DW) (The New York Times) (Human Rights Watch)
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Beyrouth, jadis surnommée le "Paris du Moyen-Orient", a longtemps rayonné par son dynamisme culturel et économique, de ses racines phéniciennes à l'effervescence des années 1960. Mais derrière ce lustre se cachent des inégalités profondes, sources de tensions et de violences récurrentes. Aujourd'hui, la ville est le symbole d'une résilience admirable, bien que toujours secouée par une instabilité politique chronique, des crises économiques dévastatrices et des flambées de violence, héritage de ses défis anciens.
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