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Une des meilleures choses dans les compétitions sportives ? Les histoires d'outsiders ! Et avec les Jeux olympiques et plus de 10 000 participants, les histoires du genre sont légion. Mais les histoires de perdants qui l'emportent, que ce soit des entrepreneurs, des artistes ou des politiques qui défient les probabilités, sont présentes dans tous les aspects de la vie, jusque dans les œuvres fictives. La seule chose plus impressionnante que de voir quelqu'un au sommet de la victoire est de comprendre le trajet réalisé pour en arriver là ; le plus cela semblait improbable, le plus incroyable c'est ! Mais qu'est-ce qui nous plaît tant dans l'histoire de ces "perdants devenus vainqueurs" ?
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C'est vrai : nous aimons soutenir les champions improbables. Les histoires dans lesquelles le "plus faible" l'emporte contre un Goliath sont tout simplement plus satisfaisantes.
Parmi les histoires les plus populaires en affaires, en sport, en art ou dans les mythes et légendes anciens font rarement exception à la règle : l'improbabilité que le protagoniste aille aussi loin, et de malgré tout réussir les rend si célèbres.
Malheureusement, peu d'études psychologiques existent sur le fait que nous aimions nous placer du côté de l'outsider.
Le peu d'études existantes nous aident toutefois à contextualiser un peu mieux ce phénomène.
Il est ironique de constater que dans une société aussi obsédée que la nôtre par le statut social, nous ayons cette tendance à soutenir les outsiders. Il semblerait que ce soit une sorte de réaction contestataire.
D'après la théorie de l'identité sociale, une partie de l'image de soi provient de notre appartenance à un groupe social dont on se sent proche.
Cette identification avec le succès d'un groupe est la raison pour laquelle nous prenons la défaite d'une équipe que nous soutenons à ce point à cœur, c'est pour cela que nous la vivons comme un échec personnel.
C'est pour cela, étrangement, que lorsqu'une idole ou un héros subit une défaite, cela peut concrètement nous donner l'impression d'être nous-mêmes moins à même de rencontrer le succès.
Pour étudier si oui ou non le "phénomène de l'outsider" est en effet quelque chose de concret, l'université de Floride du Sud avait mené des expériences à l'approche des Jeux olympiques d'été 2004 d'Athènes.
Après que les participants ont été informés du nombre de médailles d'or détenues par cinq pays concurrents, ils se sont vus demander quel pays ils préféraient voir gagner lorsque différentes combinaisons de deux équipes parmi ces cinq leur étaient présentées.
À chaque combinaison, la majorité des étudiants américains participants à l'étude avait choisi l'équipe qui avait historiquement remporté le moins de médailles comme étant leur favorite.
De manière intéressante, le résultat final de l'étude a montré que 75 % des étudiants préféraient supporter l'équipe qui avait, dans toute son histoire, remporté le moins de médailles d'or.
Pour voir si certains facteurs pouvaient accentuer ou diminuer cet effet, au cours de la même étude, les chercheurs ont présenté aux étudiants deux équipes de basket : le club CSKA Moscou et le clubMaccabi Tel Aviv.
Ils ont dépeint une équipe comment étant l'outsider et l'autre comme une équipe championne ; ils ont séparé les participants en deux groupes, chacun se voyant présenté une équipe différente comme étant celle des outsiders.
Dans les deux groupes, les participants sont partis du principe que les outsiders devraient déployer plus d'effort pour l'emporter sur les favoris. C'est l'effort déployé qui semble donc rendre les personnes données perdantes plus appréciables.
Dans la dernière étape de l'étude, les participants ont classé les équipes de sport favorites à partir de différentes combinaisons de deux. Les participants ont, la plupart du temps, choisi une équipe avec de mauvais résultats. Néanmoins, s'il s'avérait que les équipes gagnaient malgré tout beaucoup d'argent, la sympathie des participants à leur égard s'évaporait.
Ces découvertes intéressantes ont mis en avant la raison qui explique la grande popularité des outsiders : l'injustice perçue.
L'équipe de chercheurs a noté dans son article : "les désavantages éveillent un sens d'injustice chez la plupart des gens, et ils veulent réctifier cela".
Toutefois, les enfants, eux, sont plus susceptibles de défendre leurs propres intérêts. Ils ont tendance à se ranger du côté du plus fort, de faire le choix de la probabilité de réussite la plus forte.
Ce n'est que lorsque les enfants commencent à assimiler les valeurs morales qu'ils se mettent à souhaiter rééquilibrer les injustices entre les gens.
En 2021, une étude s'est penchée sur l'interprétation que font les gens des émotions des outsiders : des bandes dessinées étaient présentées aux participants. Un des personnages était dominant et ordonnait à un autre ce qu'il devait faire.
Ensuite, on leur demandait "Comment se sent cette personne ?" sans indication supplémentaire : la plupart des participants choisissent de prendre en compte les émotions du personnage dominé, ignorant celles du personnage dominant.
La plupart des chercheurs se sont demandés si le fait d'être dans une position de force était corrélé avec le fait de ressentir moins d'émotions. La majorité des gens considère que les personnes ayant du pouvoir n'éprouvent pas le même spectre d'émotions qu'eux, cela pourrait être la raison qui fait qu'ils tendent à moins prendre en compte les émotions de cette catégorie de personnes.
Une personne donnée perdante est un archétype puissant dans notre psyché collective. Voir une personne qui remporte quelque chose contre toute attente nous donne l'impression que tout est possible et qu'il y a toujours de l'espoir, peu importe la situation initiale.
Les success stories renforce la croyance que peu importe le fait que le sort s'acharne contre vous, l'assiduité et la motivation peuvent vous donner accès à tout.
"Il y a une romance inhérente liée au fait que quelqu'un ou une équipe accomplisse une performance qui semblait inaccessible", a déclaré Robert Lount, un professeur de gestion et de ressources humaines à l'université d'État de l'Ohio.
Au cours d'une interview avec la BBC, Robert Lount a émis l'hypothèse que nous tirons souvent nos inspirations personnelles de telles histoires, c'est pourquoi elles sont si attrayantes.
Il est supposé que les outsiders, tels que les membres de l'équipe jamaïcaine de bobsleigh, qui était le sujet du film "Rasta Rockett" ("Les Apprentis champions" au Québec) (1993), arrivent aux compétitions avec un état d'esprit conditionné à la victoire : ils ne pensent qu'à ça.
À l'inverse, les favoris sont plus susceptibles d'adopter un état d'esprit axé sur la prévention, à chercher avant tout à éviter d'essuyer une défaite, d'après l'équipe de recherche de Robert Lount.
Notre affect pour les outsiders est un sentiment qui se traduit dans de nombreux aspects de notre vie. Il peut être utilisé pour effectuer de réels changements dans de nombreux domaines, puisque rien ne capture mieux le triomphe de l'esprit humain que la réussite d'un outsider.
Sources : (BBC Future) (The Cut) (The Athletic) (Forbes)
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Pourquoi aimons-nous encourager les outsiders ?
Au sport comme dans la vie, l'outsider tient une place de choix dans nos cœurs
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