Quand la qualité de l'air menace notre santé mentale à long terme
La plongée sous-marine est l’un des sports nautiques les plus prisés au monde. Selon Scubanomics, environ six millions de plongeurs actifs s’aventurent régulièrement sous la surface, curieux de découvrir les récifs coralliens, les épaves englouties et une faune marine fascinante. Mais cette immersion dans les profondeurs n’est pas sans danger, le plus redouté étant la maladie de décompression (MDD), une affection qui peut s’avérer fatale. Mais qu’est-ce que la MDD exactement et comment survient-elle ?
Découvrez dans cette galerie comment une excursion sous-marine peut rapidement se transformer en urgence médicale.
La maladie de décompression (MDD) survient lorsque la pression qui vous entoure, qu’elle soit atmosphérique ou sous-marine, diminue brusquement, provoquant des lésions potentiellement graves dans l’organisme.
Lors de la décompression, les gaz dissous dans l’organisme se libèrent sous forme de bulles à l’intérieur des tissus et du système vasculaire.
La MDD est principalement liée à la plongée sous-marine, touchant surtout les plongeurs qui remontent à la surface trop rapidement.
Sous l'eau, les plongeurs respirent de l'air comprimé contenant de l'azote, à une pression équivalente à celle de l'eau qui les entoure.
En cas de remontée trop rapide, l’azote contenu dans le corps peut se libérer sous forme de minuscules bulles dans le sang et les tissus corporels.
De même, si un plongeur remonte trop vite en retenant sa respiration, la diminution brusque de la pression ambiante peut entraîner une dilatation excessive des poumons, avec un risque de surpression.
Cela peut entraîner la rupture des alvéoles pulmonaires, libérant des bulles d'air directement dans la circulation sanguine.
Ces bulles d'air peuvent obstruer la circulation sanguine vers différentes parties du corps, provoquant une affection très grave appelée embolie gazeuse artérielle (EGA).
Les bulles pouvant se propager dans l'ensemble de l'organisme, la MDD peut provoquer des symptômes très divers, allant des douleurs articulaires aux éruptions cutanées en passant par la paralysie, voire la mort.
La MDD se caractérise souvent par l'accumulation de bulles dans les principales articulations, comme les genoux ou les coudes, provoquant une douleur si intense que les personnes atteintes ont tendance à se recroqueviller. C’est d’ailleurs de cette posture que vient l'appellation "bends" (de l'anglais "to bend" qui veut dire "courber")
Les affections ostéo-articulaires représentent environ 60 à 70 % des cas de MDD. Le risque de développer la maladie de décompression augmente notamment si vous présentez une malformation cardiaque.
Plonger en étant déshydraté peut favoriser l'apparition de la MDD. L’obésité constitue également un facteur de risque.
Il est déconseillé de plonger lorsqu’on est fatigué. De même, un effort excessif sous l'eau augmente le risque de MDD.
Il n'y a pas de limite d'âge pour pratiquer la plongée sous-marine. Toutefois, le risque de maladie de décompression augmente avec l'âge.
Plonger dans des eaux froides peut augmenter le risque de MDD. En effet, un corps réchauffé favorise l'élimination des gaz inertes pendant la remontée et les paliers de décompression, réduisant ainsi le stress de décompression. À l'inverse, une eau froide durant cette phase ralentit ce processus, ce qui prolonge le stress de décompression et l'intensifie potentiellement.
Prendre l’avion immédiatement après une plongée est dangereux. Il est recommandé d’attendre au moins 12 heures après une plongée unique sans palier de décompression. Pour des plongées répétitives sur plusieurs jours, il est conseillé d’attendre au moins 18 heures. Après une plongée nécessitant des paliers obligatoires de décompression, ou l’utilisation de mélanges gazeux comme l’héliox et le trimix lors de plongées à saturation (qui seront expliquées plus loin), un délai de 48 heures est recommandé.
Si le vol dépasse une altitude de 300 mètres, il est recommandé d’éviter de prendre l’avion pendant quatre à six semaines afin de prévenir l'apparition de symptômes.
La MDD peut aussi résulter d'autres situations de dépressurisation, notamment lors de la plongée en saturation. Ce type de plongée, réservé aux professionnels, implique de travailler à des profondeurs extrêmes pendant des durées prolongées.
Le sang du plongeur est saturé avec un mélange spécifique de gaz, tels que l’héliox et le trimix, qui lui permet de résister à la pression environnante et de prévenir la maladie de décompression. À la fin d’une plongée en saturation commence une procédure de décompression minutieusement planifiée ; tout écart par rapport à cette procédure peut entraîner une MDD.
Les symptômes de la maladie de décompression peuvent se manifester rapidement. Fatigue, faiblesse, et douleurs musculaires ou articulaires en sont les premiers signes.
Des maux de tête, des étourdissements, des vertiges ou un état de confusion mentale sont également des signes évocateurs de la MDD.
Parmi les autres symptômes courants de la MDD, on retrouve des troubles de la vision, comme la vision double, et des douleurs abdominales ou thoraciques.
En cas de suspicion de MDD, il est recommandé de maintenir le plongeur allongé à plat et de lui administrer de l’oxygène pur si possible. Garder la victime en position horizontale empêche les bulles de migrer vers le cerveau, ce qui pourrait aggraver la situation.
Le traitement optimal de la MDD est la recompression thérapeutique en caisson hyperbare avec de l'oxygène.
La recompression thérapeutique consiste à placer le patient dans un caisson hermétique où la pression de l'air est trois fois supérieure à la normale.
La recompression thérapeutique a quatre effets principaux : elle réduit la taille des bulles, accélère l’élimination de l’azote du corps, diminue l’inflammation provoquée par les bulles et améliore l’apport en oxygène aux tissus et au système vasculaire. Ce processus est réalisé progressivement sur plusieurs jours.
Pour prévenir la maladie de décompression, la plupart des plongeurs effectuent un arrêt de sécurité de quelques minutes avant de remonter à la surface, en respectant scrupuleusement les paliers de décompression. Les plongeurs en saturation utilisent quant à eux un caisson hyperbare submersible, leur permettant de remonter sans pause.
Il est important de souligner que la MDD peut survenir même si un plongeur suit scrupuleusement les limites de son ordinateur de plongée ou les tables de décompression, et même après avoir effectué les arrêts de sécurité.
Outre la connaissance des facteurs de risque liés à la MDD, les plongeurs doivent maintenir une bonne condition physique. Par exemple, une activité cardio régulière devrait faire partie de leur routine bien avant de passer l'examen médical préalable à la plongée et de se lancer dans cette activité.
En effet, il incombe à tout plongeur de s’assurer qu’il est physiquement et mentalement prêt avant de se lancer dans l’eau.
En respectant les règles de base et en évaluant correctement les risques, un plongeur devrait pouvoir profiter pleinement de son expérience sous-marine en toute sécurité.
Sources: (PADI) (DAN) (National Institutes of Health) (Harvard Health) (CDC) (Healthline) (Scubanomics)
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