Do'où sort le cliché de la "folle aux chats" ? -

Il y a quelque temps, le républicain James David Vance a mis le feu aux poudres en comparant les femmes démocrates à une "bande de folles à chats sans enfants". En un rien de temps, le candidat du Parti républicain à la vice-présidence s'est attiré les foudres des femmes du monde entier, exaspérées par une telle insulte, c'est le moins que l'on puisse dire. J. D. Vance faisait référence au stéréotype séculaire de la vieille fille solitaire et en mal d'amour. Mais d'où vient cette figure de pitié et comment la société a-t-elle fait évoluer cette image ?

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Une "bande de folles à chats sans enfants" -

Lorsque J.D. Vance s'est plaint que les États-Unis étaient dirigés par une "bande de folles à chats sans enfant", le candidat à la vice-présidence du Parti républicain a été accusé de misogynie sur le champ. 

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Une remarque sarcastique qui tourne mal -

J. D. Vance a par la suite affirmé qu'il ne faisait que du sarcasme, mais le mal était fait. La remarque a suscité les foudres des femmes du monde entier, dont celles des femmes démocrates et notamment de Kamala Harris, vers qui la remarque était dirigée.

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Des mots sortis de leur contexte -

La remarque insultante avait été prononcée en 2021, mais elle a refait surface en 2024 après qu'il est devenu le colistier de Donald Trump. Il a ensuite défendu ses propos en déclarant que ce n'était pas une critique à l'encontre des personnes n'ayant pas d'enfants, mais une dénonciation du fait que le Parti démocratique était "anti-enfants et anti-famille".

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Un cliché de longue date -

Le fait est que l'expression de la "folle aux chats" est utilisée depuis des siècles pour désigner péjorativement une femme sans enfants, qu'elle possède un chat ou non. 

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Les femmes aux chats originelles -

Dans l'ancienne Égypte, Bastet, mi-femme, mi-chat, était la déesse du foyer, de la maternité et des secrets des femmes. 

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La déesse Freyja et son char tiré par des chats -

Dans la mythologie nordique et germanique, Freyja, la déesse associée à l'amour, à la beauté, à la fertilité et à la force, possède un char tiré par deux chats. 

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Le chat démoniaque -

Mais au Moyen âge, dans leur effort de christianiser le monde entier et de se débarrasser des dieux et divinités non chrétiennes, l'Église catholique romaine a changé son image pour en faire l'animal du diable.

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Les chats et la sorcellerie -

En effet, les pauvres chats avaient acquis la réputation d'être les agents du démon. De plus, on pensait à l'époque que ces créatures étaient de mèche avec les sorcières. Il ne faisait pas bon vivre d'être un chat à l'époque médiévale ! 

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Des personnes qui suscitent la pitié -

Les fantasmes de sorcellerie et de chats agents du démon ont été largement tournés au ridicule au 18ᵉ siècle, cela n'empêche pas que les femmes célibataires détentrices de chats étaient des femmes qui suscitaient la pitié. 

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Le mépris -

Malheureusement, dans les années 1700, les femmes non mariées étaient considérées avec mépris, elles étaient la cinquième roue du carrosse, qui n'avait sa place nulle part. Il était peu probable que les femmes seules en question aient un emploi, et faute de mari, elles devaient dépendre de la bonté de leurs proches pour avoir un soutien financier.

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Les félins pour seuls amis -

Avec le temps, la femme aux chats est devenue une figure risible, celle d'une vieille fille d'un âge avancé ou d'une veuve qui aurait pour seule compagnie les chats. 

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Le stéréotype de la folle aux chats -

La-dite "folle aux chats" est rapidement devenu une figure détestée de la société traditionnelle. La messe était dite, le stéréotype solidement ancré. 

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La vieille domestique solitaire -

C'est durant l'ère victorienne que l'idée préconçue de la femme seule et son association aux chats a gagné du terrain. L'image de la vieille domestique solitaire est rentrée dans l'imaginaire commun. 

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Une norme sociale acceptable -

De manière étonnante, le lien étroit existant entre les femmes seules et les chats a fini par être accepté comme étant une norme sociale inévitable, en Grande-Bretagne du moins. 

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La roue tourne -

Alors que l'époque victorienne était en transition vers l'époque édouardienne, une chose étrange s'est passée. Les félins ont commencé à être perçus comme des animaux de concours. Il y avait de l'argent à se faire : si vous possédiez un chaton tout mignon, vous pouviez remporter une coquette somme d'argent. 

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Les chats et le droit de vote -

À mesure de l'avancement du 20ᵉ siècle, alors que les femmes se rapprochaient d'obtenir le droit de vote, mais comme pour saboter leur proximité avec leurs amis à quatre pattes, les chats sont devenus un élément de la propagande contre le droit de vote des femmes. 

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La propagande contre le droit de vote des femmes -

Dans un usage sémantique sournois, les chats étaient dépeints comme des fauteurs de troubles ayant pour but de déranger le statu quo. Les suffragettes possédant des chats étaient présentées comme des personnes seules et aigries ayant de la rancœur à l'égard des hommes. 

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L'animal domestique passif -

Néanmoins, le chat gagnait doucement le cœur des humains. Vers la moitié du 20ᵉ siècle, le chat domestique était devenu un animal de prédilection, un animal chéri. Cependant, ils demeuraient vivement associés à l'image de la vieille fille, et étaient perçus comme des animaux passifs et indissociables des intérieurs. 

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Le renversement du stéréotype -

Carolee Schneemann était une artiste visuelle qui a, dans les années 60,commencé à documenter la relation intime qu'elle partageait avec les chats domestiques, qu'ils soient représentés en peinture, dans les films ou au cours de performances. Les chats étaient ses muses. 

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L'étrange histoire d'Edith Bouvier Beale -

L'image de la vieille fille excentrique, en mal d'amour, qui se tourne vers les chats pour trouver du réconfort est illustrée par l'étrange histoire de la mondaine, mannequin et artiste de cabaret américaine Edith Bouvier Beale, surnommée "Little Edie".

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Le retrait de la société -

Glamour, riche et cousine germaine de l'ancienne Première dame Jacqueline Kennedy, Edith Bouvier Beale a eu une éducation huppée au sein de "l'aristocratie catholique" américaine. Elle a profité d'une carrière couronnée de succès en tant que modèle, elle faisait des apparitions sur les podiums de Macy's à New York et à Palm Beach en Floride. Puis, à la fin de la trentaine, elle a développé une alopécie totalis (pelade de l'ensemble de la tête), elle a donc perdu tous ses cheveux. 

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La vie avec 30 chats -

Bouleversée et de plus en plus solitaire, Little Edie est partie se retirer dans sa demeure de l'East Hampton, appelée "Grey Gardens", afin de vivre avec sa mère (Edith Ewing Bouvier Beale ou "Big Edie"). Son cortège de chats n'avait de cesse de s'agrandir, elle aurait, dit-on, eu jusqu'à 30 chats. 

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"Grey Gardens" -

Vivant pratiquement recluse dans une propriété très délabrée, Edith Beale attire l'attention des autorités locales. En octobre 1971, la police a fait une descente à Grey Gardens et a trouvé la maison "pleine de détritus, imprégnée de l'odeur des chats et violant diverses ordonnances locales". En 1975, un documentaire intitulé "Grey Gardens" met en lumière la vie quotidienne des deux femmes issues de l'aristocratie, recluses, vivant désormais toutes deux dans la pauvreté.

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Le stéréotype persiste -

L'image de la folle aux chats est tenace, et de fait, le stéréotype demeure. Mais est-ce que les femmes aux chats sont l'authentique produit de la solitude, ou est-ce une maladie psychiatrique ? 

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Est-ce une maladie ? -

L'accumulation compulsive (syllogomanie) de chats, symptôme d'un trouble obsessionnel compulsif (TOC), a longtemps été associée aux "folles aux chats".

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Le casse-tête de la femme à chats -

Une théorie avancée par certains scientifiques suggère qu'il y aurait un lien entre le parasite Toxoplasma gondii (toxoplasmose) qui se trouve dans les fèces des chats et de nombreuses affections psychiatriques, telles que les TOC et la schyzophrénie. 

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Le "syndrome de la folle aux chats" -

Ce sont de ces découvertes scientifiques reliant Toxoplasma gondii à de nombreux troubles mentaux et du comportement qui ont mené à l'invention du terme de "syndrome de la folle aux chats". 

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"Si tu t'en prends à la femme aux chats, gare aux griffes !" -

En attendant, qu'en est-il des réactions à la suite des remarques de J. D. Vance ? "Il s'est trompé de cible démographique", ont estimé de nombreux participants à la CatCon (souvent surnommée le Comic-Con des amoureux des chats) qui s'est tenue au Pasadena Civic Auditorium le 3 août 2024. Certains sont même allés plus loin, en sifflant un avertissement : "Si tu t'en prends à la femme aux chats, gare aux griffes !"

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Le retour de bâton des célébrités -

Des célébrités, dont l'humoriste Chelsea Handler, se sont montrées tout aussi cinglantes. Chelsea Handler, qui n'a pas d'enfants, a rappelé qu'"aucun président dans l'histoire des États-Unis n'a jamais été une mère". Chelsea Handler est photographiée avec Jennifer Aniston, qui n'a pas non plus d'enfant, s'est également opposée à la description faite par J. D. Vance affirmant que certaines des personnes les plus puissantes de la politique américaine étaient des "folles aux chats sans enfant".

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L'émergence des hommes à chats -

Une fois que nous avons dit tout ça, soulignons que l'ironie de ce débat est que, aux États-Unis, il y a plus d'hommes que de femmes propriétaires de chats (respectivement 48 % et 35 %), d'après une étude de Statista (parmi les milléniaux du moins).

Sources : (NPR) (KQED) (The Guardian) (The Atlantic) (Statista) 

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