L'histoire empoisonnée de l'arsenic -

Depuis des siècles, l'arsenic est à la fois craint et fascinant. Ce poison, dont le nom évoque immédiatement la terreur, a paradoxalement été utilisé comme médicament au Moyen Âge pour traiter diverses maladies. Cependant, c'est surtout en tant qu'agent toxique redouté que l'arsenic a forgé sa réputation sinistre, laissant dans son sillage une série d'histoires où le "roi des poisons" a causé des décès tragiques.

Mais alors, qu'est-ce que l'arsenic et comment a-t-il été utilisé à des fins meurtrières ? Cliquez sur cette galerie pour en savoir plus sur l'histoire toxique de l'arsenic.

© Getty Images

Qu'est-ce que l'arsenic ? -

L'arsenic est un élément chimique naturellement présent dans l'environnement. Il existe sous des formes cristallines grises et jaunes, et se retrouve dans divers minéraux, généralement combiné avec du soufre et des métaux.

© Shutterstock

Albert le Grand (environ 1200-1280) -

La découverte de l'arsenic, aux alentours de 1250, est généralement attribuée à Albert le Grand, un dominicain allemand, philosophe, scientifique et évêque.

© Getty Images

Paracelse (environ 1493–1541) -

Cependant, c'est le médecin et alchimiste suisse Paracelse qui a documenté les premières instructions précises pour la préparation de l'arsenic métallique.

© Getty Images

César Borgia (1475 –1507) -

L'empoisonnement, utilisé dès l'Antiquité comme une méthode de meurtre simple mais efficace, est devenu une véritable forme d'art au Moyen Âge. Les Borgia étaient souvent accusés d'être des maîtres en la matière, avec César Borgia en particulier, réputé pour son expertise en "toxicologie appliquée".

© Public Domain

L'utilisation médicinale -

Au cours de la période médiévale, l'arsenic était légitimement utilisé comme médicament. Ses composés servaient à traiter des maladies telles que le psoriasis et la syphilis, ainsi qu'à soulager les ulcères de la peau et les troubles articulaires.

© NL Beeld

Sans odeur ni goût -

Cependant, lorsqu'il était utilisé à des fins malveillantes, l'arsenic devenait mortel. Les composés inorganiques de l'arsenic, tels que le trioxyde d'arsenic (arsenic blanc), possédaient des propriétés inodores et insipides qui en faisaient un poison idéal. Cette poudre cristalline blanche, soluble dans l'eau, était pratiquement indétectable dans les aliments et les boissons, ce qui n'a pas échappé aux meurtriers en herbe !

© Getty Images

Les faiseuses d'anges de Nagyrév -

Le cas le plus célèbre d'empoisonnement à l'arsenic de l'histoire moderne est celui des "faiseuses d'anges" de Nagyrév. Ce groupe de femmes apparemment inoffensives, vivant dans le village hongrois de Nagyrév, a empoisonné entre 40 et 100 personnes entre 1914 et 1929.

© Getty Images

Les faiseuses d'anges de Nagyrév -

C'est une sage-femme locale, Zsuzsanna Fazekas, qui peut fournissait de l'arsenic et les encourageait à l'utiliser. Après la révélation du réseau d'assassins, les accusées ont été vues en train de faire de l'exercice dans la cour de la prison de Szolnok.

© Public Domain

Les faiseuses d'anges de Nagyrév -

En 1929, les meurtres ont été révélés au grand jour après que les autorités ont exhumé des dizaines de cadavres du cimetière local. Il a été découvert que toutes les victimes étaient mortes d'un empoisonnement prolongé à l'arsenic. Quelques-unes des "faiseuses d'anges" ont été photographiées lorsque la nouvelle de leurs crimes a été rendue publique.

© Getty Images

Frederick Seddon (1872–1912) -

Le cas de Frederick Seddon a fait sensation en Angleterre. Obsédé par l'argent, ce dernier a été arrêté début 1912, accusé du meurtre de sa locataire, Eliza Mary Barrow, qu'il avait persuadée de lui céder une part majoritaire de ses économies et de ses rentes. Ici, il est photographié à son arrivée au tribunal.

© Getty Images

L'affaire de l'arsenic à Tollington Park -

Dans ce qui est devenu connu sous le nom de l'affaire de l'arsenic de Tollington Park, Frederick Seddon a été accusé d'avoir tué Eliza Mary Barrow en utilisant de l'arsenic. Sa femme, Margaret, a également été impliquée, mais a été acquittée de tout acte criminel. Frederick Seddon, reconnu coupable, a été pendu à la prison de Pentonville le 18 avril 1912. Sur la photo, la famille de l'accusé arrive au tribunal.

© Getty Images

Arthur Waite (1887–1917) -

Jeune et séduisant, Arthur Waite, dentiste de formation et play-boy, est jugé à New York en 1917 pour le meurtre de son beau-père, John Peck, et de sa belle-mère, Hannah Peck.

© Getty Images

Le meurtre de John et Hannah Peck -

Arthur Waite a finalement été reconnu coupable d'avoir empoisonné John Peck et son épouse Hannah avec de l'arsenic. Son mobile était financier, espérant hériter de la lucrative entreprise pharmaceutique de John Peck. Sa femme, Clara, a également été empoisonnée, mais elle a survécu. Le 24 mai 1917, il a été exécuté sur la chaise électrique à la prison de Sing Sing.

© Getty Images

Mary Creighton (1899–1936) -

Mary Creighton, épouse de John Creighton, était une femme au travail acharné. Le couple vivait avec les parents de John, Walter et Anna. En 1920, Mary est soupçonnée d'avoir empoisonné Anna. L'année suivante, elle est à nouveau suspectée d'avoir empoisonné Walter. En 1923, elle est accusée d'avoir empoisonné son jeune frère, Ray. Mary et John Creighton sont alors accusés du meurtre de Ray, mais sont acquittés. La même année, Mary est également acquittée dans le procès pour le meurtre d'Anna Creighton (son mari John n'a pas été inculpé).

© Getty Images

Les "Borgia aux yeux noirs" -

Treize ans plus tard, en 1936, John et Mary Creighton ont une fille nommée Ruth. Ils invitent chez eux Everett Applegate, sa femme Ada et leur fille Agnes. Cependant, la cohabitation devient rapidement problématique. Mary et Everett commencent une liaison et complotent pour éliminer Ada en l'empoisonnant à l'arsenic. Dans cette affaire de meurtre à la fois scandaleuse et sensationnelle, Mary Creighton et Everett Applegate sont condamnés pour le meurtre d'Ada. Surnommés les "Borgia aux yeux noirs" par la presse, ils sont exécutés à la prison de Sing Sing, à New York, le 16 juillet 1936.

© Getty Images

Les empoisonnements de South Croydon -

Le 18 mai 1929, le corps d'Edmund Duff a été exhumé du cimetière de Queen's Road à Croydon, dans le sud de Londres, dans le cadre d'une enquête sur sa mort suspecte d'empoisonnement à l'arsenic. Des membres de sa famille, Vera et Violet Sydney, étaient également décédés dans des conditions similaires et avaient été exhumés de la même manière.

© Getty Images

"L'empoisonneur de South Croydon" -

Il a été établi que les trois personnes étaient mortes d'un empoisonnement à l'arsenic. Grace, la veuve d'Edmund Duff, était le principal suspect, mais les preuves disponibles étaient insuffisantes pour l'inculper. L'enquête a conclu que les décès étaient le résultat d'un meurtre commis par des inconnus. Cependant, la presse a popularisé l'idée de "l'empoisonneur de South Croydon", bien que cette théorie se soit révélée être une tentative de sensationnalisme pour attirer l'attention.

© Getty Images

Madeleine Smith (1835–1928) -

En 1857, Madeleine Smith, une mondaine de Glasgow, a été accusée d'avoir empoisonné son amant avec de l'arsenic. Malgré un procès très médiatisé où les preuves toxicologiques confirmaient que la victime était effectivement morte d'arsenic, elle a été acquittée. La photo montre la bouteille d'arsenic présentée comme preuve durant le procès.

© Getty Images

Mary Blandy (1720–1752) -

En 1752, Mary Blandy, une Anglaise, a été pendue pour avoir empoisonné son père avec de l'arsenic. Lors de son procès, elle a affirmé qu'elle ignorait que la poudre qu'elle avait ajoutée à la nourriture de son père était de l'arsenic. Elle a expliqué que cette poudre lui avait été fournie par son prétendant sous le prétexte d'un philtre d'amour, destiné à persuader son père d'approuver leur relation. La photo montre Mary Blandy portant des menottes aux jambes sous sa robe pour éviter toute tentative d'évasion.

© Getty Images

Marie Lafarge (1816–1852) -

Marie Lafarge, une femme française, a été condamnée en 1840 pour avoir empoisonné son mari avec de l'arsenic. Elle a été l'une des premières personnes au monde à être reconnue coupable principalement sur la base de preuves toxicologiques médico-légales directes.

© Getty Images

Florence Maybrick (1862–1941) -

Née en Alabama, Florence Maybrick a été reconnue coupable en 1889 au Royaume-Uni du meurtre de son mari, le riche négociant en coton James Maybrick. Bien qu'elle ait été condamnée à mort, sa peine a été commuée en réclusion à perpétuité. Libérée en 1904, elle est retournée aux États-Unis, continuant à clamer son innocence.

© Public Domain

Harold Greenwood (1874–1929) -

Harold Greenwood, un avocat anglais de renom, a été accusé d'avoir empoisonné sa femme, Mabel, avec de l'arsenic mélangé à du vin, mais a été acquitté de ce meurtre. L'affaire reste non résolue. Sur cette photo, prise le 16 juin 1919, on le voit arriver au tribunal.

© Getty Images

Herbert Armstrong (1869–1922) -

Un autre avocat anglais, Herbert Armstrong, n'a pas eu la même chance. Ce dernier a d'abord été accusé de tentative de meurtre sur un concurrent professionnel qu'il avait tenté d'empoisonner à l'arsenic. Plus tard, il a également été condamné pour avoir tué sa femme de la même manière. Le 31 mai 1922, Herbert Armstrong a été pendu.

© Getty Images

Mary Ann Cotton (1832–1873) -

Mary Ann Cotton, une meurtrière anglaise, a été exécutée le 24 mars 1873 pour avoir empoisonné son beau-fils. On la soupçonne d'avoir été une tueuse en série, responsable de la mort de 17 enfants, dont plusieurs étaient ses propres enfants. Sa méthode de prédilection était l'empoisonnement à l'arsenic.

© iStock

Kate Dover (1855–1925) -

Le cas de Kate Dover est notable car sa victime, Thomas Skinner, était un inventeur renommé en Angleterre pour sa méthode innovante de production en masse de dessins gravés sur des lames d'acier à l'aide de transferts de papier (photo). Après être devenu veuf, Thomas Skinner a été empoisonné secrètement à l'arsenic par Kate Dover, sa gouvernante. Elle a été condamnée à une peine de prison, mais a été libérée en 1895.

© Public Domain

Masumi Hayashi -

En 1998, Masumi Hayashi, une Japonaise (voir photo d'elle tête baissée dans un véhicule de police), a été condamnée pour avoir versé de l'arsenic dans un pot de curry servi lors d'une fête de village. Après avoir consommé le curry, deux enfants et deux adultes sont décédés, et 63 autres personnes ont été gravement intoxiquées. Les enquêteurs ont découvert qu'elle avait versé au moins 130 grammes d'arsenic dans le récipient de cuisson, une quantité suffisante pour tuer plus de 100 personnes.

© Getty Images

L'arsenic pour mettre fin à ses jours -

L'écrivain et poète anglais Thomas Chatterton (1752-1770) s'est suicidé en ingérant de l'arsenic. À l'époque, le poison était souvent utilisé pour les suicides, pris en grande quantité pour assurer une mort rapide.

© Getty Images

Charles Francis Hall (environ 1821–1871) -

La mort mystérieuse de l'explorateur américain de l'Arctique Charles Francis Hall en 1871 a longtemps intrigué les historiens. L'exhumation de son corps en 1968 a révélé qu'il avait ingéré une grande quantité d'arsenic dans les deux semaines précédant sa mort. La question demeure : s'est-il suicidé ou a-t-il été assassiné ?

© Getty Images

Guangxu (1871–1908) -

Le 10e empereur de la dynastie Qing, Guangxu, a été mis en résidence surveillée après un coup d'État en 1898, et il est décédé en 1908, officiellement de cause naturelle. Toutefois, des doutes ont toujours entouré les circonstances de sa mort, avec des soupçons d'empoisonnement. Ce n'est qu'en 2008 que des chercheurs ont confirmé ces suspicions : les analyses de son corps ont révélé des niveaux extrêmement élevés d'arsenic, prouvant que sa mort n'était pas aussi naturelle qu'on l'avait affirmé.

Sources: (Oxford Academic) (National Library of Medicine) (Library of Congress) 

Voir aussi : Les empoisonnements les plus sordides de l'histoire

© Getty Images